ViaSalina – Sur les traces de l’or blanc
La voie historique du sel entre Berne et le Jura français revit aujourd’hui grâce à la ViaSalina. Elle relie ainsi les sites du patrimoine mondial de l’UNESCO de Berne, Salins-les-Bains et Arc-et-Senans, par de pittoresques voies terrestres et navigables traversant un paysage culturel méconnu.
Histoire
Jusqu’à l’exploitation commerciale des salines du Rhin vers le milieu du 19e siècle, la Confédération était presque entièrement dépendante des livraisons de sel de l’étranger. La seule saline nationale digne de ce nom était celle de Bex VD, qui fut exploitée à grande échelle dès le 17e siècle. Toutefois cette dernière ne couvrit jamais plus que les besoins régionaux. A l’instar des autres régions de la Confédération, Berne devait aussi importer le sel et était donc livrée aux spéculations politiques et économiques des producteurs. La République de Berne achetait la plus grande partie de son sel à Salins-les-Bains et par la suite à Arc-et-Senans dans le duché libre de Bourgogne de l’époque. La pureté et la blancheur particulière du sel de ces salines le rendaient très apprécié de la clientèle
Monopole du sel détenu par l’État
Initialement c’était surtout des marchands privés qui détenaient le commerce du sel entre Berne et Salins-les-Bains. Dès le 15e siècle, l’État s’immisça progressivement dans le commerce et décida d’en faire un monopole d’État. Le monopole fut entre autre motivé par l’aspiration à assurer des réserves suffisantes et un approvisionnement pour tout le territoire; il devait aussi servir à maintenir la stabilité du prix du sel. Mais à l’arrière-plan, des spéculations financières jouèrent un rôle considérable. L’importance du monopole fut mise en évidence à la fin du 18e siècle, lorsque les revenus provenant du commerce du sel se placèrent au quatrième rang de toutes les entrées financières de l’État.
L’État reprit en même temps le commerce et la distribution du sel. Celui-ci parvenait à la clientèle par l’intermédiaire des dépôts de sel et des points de vente officiels. En 1739, on comptait 13 grands dépôts de sel et 200 «Bütten» (magasin officiel de vente du sel), répartis sur tout le territoire de Berne. Cette pratique de la vente du sel ne fut abandonnée que vers 1970, lorsque les cantons transmirent leurs droits de commerce du sel aux salines rhénanes.
Le sel partait de la France et arrivait à Berne par divers itinéraires. Partout où c’était possible, on utilisait la voie fluviale, plus économique que les autres. La route principale passait par Levier, Pontarlier et le Col de Jougne jusqu’à Yverdon-les-Bains, où la cargaison était chargée sur des bateaux et transportée ensuite à Morat. Depuis là, on utilisait à nouveau la voie terrestre pour les quelques kilomètres restants.
Il y avait d’autres variantes comme le chemin plus direct par Chalamont, le Col des Etroits et la voie fluviale, plus longue, passant par le lac de Bienne, la Thièle et la Vieille Aar. Au 17e siècle, on essaya de raccourcir le détour de Nidau en construisant le canal d’Aarberg dans le Seeland. Cette construction s’avéra cependant inefficace et dut être abandonnée 30 ans plus tard. Selon la situation politique du moment, on utilisait également la voie terrestre partant de Pontarlier et passant par le Val de Travers.
Itinéraire
Le sel de Franche-Comté a été transporté par différentes voies terrestres et navigables jusqu’à Berne. La ViaSalina suit en grande partie la route historique principale. Outre des tronçons comprenant une riche substance historique, l’itinéraire longe de merveilleux paysages et un patrimoine bâti impressionnant, notamment des forteresses, des postes de douane, des dépôts de sel, des relais pour les chevaux, des auberges, des croix routières, etc. L’itinéraire est idéal pour mettre en évidence les différents moyens de transports de l’époque (bêtes de somme, charrettes, bateaux) ainsi que les difficultés et dangers auxquels les transporteurs étaient exposés.